Opinion – Djamila Ribeiro : Avec la Casa Aláfia, un quilombo urbain naît au cœur de Curitiba

Publié initialement dans Folha de S. Paulo le 14 août 2025
Plus qu’un simple outil de divination, les Odus dans le candomblé offrent des messages, posent des dilemmes et invitent à une introspection profonde.
Le candomblé brésilien naît du culte rendu aux orixás, nos ancêtres divinisés dont les passages sur Terre, il y a fort longtemps, ont tracé des chemins que nous continuons de suivre et de réinventer.
C’est une philosophie de vie ancrée dans l’ancestralité, transmise de génération en génération depuis des temps immémoriaux. Nous honorons les anciens comme gardiens de la mémoire et du savoir, tout en nous plaçant comme guides et protecteurs des nouvelles générations.
Une grande partie de la pratique du candomblé est consacrée à l’étude de ces chemins, véritables technologies spirituelles qui enseignent, par l’observation de leurs forces et défis, comment transcender, autant sur le plan personnel que collectif.
Ces chemins sont appelés Odus. Leur interprétation varie selon les terreiros, même si certains principes sont partagés. Les Odus sont souvent consultés par le jeu de búzios, un oracle propre aux religions afro-brésiliennes.
Mais il faut souligner que les Odus ne sont pas de la divination au sens courant : ils transmettent des messages, soulèvent des dilemmes, posent des questions qui, mises en miroir avec la vie de la personne consultante, peuvent déclencher une évaluation personnelle profonde.
L’Odu Ossá, avec neuf coquillages ouverts, peut questionner votre rapport au pouvoir féminin ou vous inviter à vous reconnecter à l’énergie magique de la Terre.
L’Odu Ejiokô, avec deux coquillages ouverts, peut faire ressurgir la légèreté perdue ou alerter d’une naïveté nuisible. Les significations sont multiples.
L’étude la plus connue de ces chemins — liée aussi au culte d’Ifá, que nous aborderons une autre fois — recense 256 Odus, dont 16 sont principaux.
Chacun possède ses recommandations, ses précautions, ses sens particuliers, interprétés par la iyalorixá (prêtresse) ou le babalorixá (prêtre), selon leur parcours et leur axé.
L’étendue du sujet est telle que les Odus mériteraient une série dédiée. Des chercheurs comme Mãe Stella de Oxóssi ou Agenor Miranda da Rocha leur ont consacré leur vie, laissant un legs précieux aux générations futures.
Parmi eux, un Odu est célébré avec une joie particulière : Aláfia. Lorsque les 16 coquillages s’ouvrent ensemble en consultation, cela annonce presque toujours des vents favorables — paix absolue, bonnes nouvelles, prospérité, équilibre. Pas étonnant que “aláfia” soit devenue une expression de bon augure, un appel à des pensées et actions positives.
C’est en pensant à cet Odu que j’ai reçu, de l’artiste Aline Bispo — qui illustre cette chronique depuis le début —, la nouvelle de l’ouverture de la Casa Àlàáfíà à Curitiba.
Aline est très enthousiasmée par ce projet, situé au 480 rue Jaime Reis. Imaginée par le chanteur et poète Daniel Montelles, la Casa naît comme un quilombo urbain en plein centre-ville : « Une maison de culture, d’esthétique et de gastronomie afro-brésilienne. Un signe que de belles choses arrivent. La Casa Àlàáfíà résiste dans la diaspora, portant avec ferveur la voix du peuple noir et sa majesté matriarcale. Nous sommes prêts à noircir nos relations, nos échanges… En repensant les modèles culturels et d’accueil dans cette ville, avec le sourire et la résistance. Un espace noir pour la communauté, où la hiérarchie et l’excellence ancestrale sont nos principes fondateurs. »
La maison s’inspire de la maxime du poète Antônio Bispo dos Santos, connu sous le nom de Nego Bispo, décédé il y a deux ans, qui disait en parlant des peuples noirs, quilombolas et autochtones : « Nous sommes le début, le milieu et le début à nouveau. Nous existerons toujours, souriant dans la tristesse pour accueillir la joie. »
« Nos trajectoires nous portent, notre ancestralité nous guide. » Le lancement a eu lieu le 17 août dernier.
Le programme comprenait de l’afoxé, du maracatu, du samba et d’autres expressions culturelles. Un espace noir nourri de savoirs ancestraux, avec une invitation à chaque personne présente de s’habiller en blanc pour renforcer cet axé inaugural.
Je ne peux que souhaiter toute la chance du monde à la Casa — et que nous puissions ressentir ce bon chemin déjà amorcé. Aláfia !
Contenu traduit avec l’aide de l’intelligence artificielle
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